samedi 3 décembre 2011

Les pôles de développement régional pour mieux investir...

Chaque homme d’affaires peut parrainer une dizaine de jeunes diplômés dans le cadre d’une cérémonie organisée chaque fin d’année dans l’université, pour que ces derniers puissent préparer le lancement de leurs projets sans souci matériel.
Le déséquilibre régional a eu des effets désastreux depuis des années sur les habitants des régions intérieures qui manquent des commodités nécessaires et ne bénéficient que d’un nombre limité d’entreprises à forte employabilité. Du coup, le taux de chômage a connu un accroissement considérable, ce qui a obligé les jeunes soit à rester au chômage dans leur région en attendant des jours meilleurs, soit à partir vers les grandes villes en vue de dénicher un poste d’emploi, soit à émigrer —parfois de façon clandestine— vers les pays de la rive nord de la Méditerranée. L’emploi constitue donc le souci majeur de ces jeunes dont une grande partie est diplômée de l’enseignement supérieur ou de la formation professionnelle. Des années à étudier dans des conditions souvent difficiles pour se retrouver en fin de compte au pied du mur, à la case départ, sans ressources pour subvenir à ses besoins vitaux et à ceux de sa famille.
Il est temps de mettre en place et surtout d’exécuter de façon efficace une stratégie de stimulation de l’investissement dans les régions de l’intérieur du pays, le but étant de créer de nombreuses entreprises publiques et privées, ce qui va ouvrir la porte de l’emploi à ces milliers de jeunes qui ont été à l’origine du déclenchement de la révolution et qui ont continué à soulever leurs problèmes par divers moyens – parfois inacceptables – comme les sit-in et autre occupation des bâtiments publics, des routes et des rails. La stimulation de l’investissement commence par identifier les projets susceptibles d’être rentables et dégager de nouvelles richesses à commercialiser aussi bien sur le marché intérieur que sur le marché extérieur.

Identifier le maillon faible
Faire des régions des pôles de développement intégrés et cohérents constitue en soi une bonne idée, mais encore faut-il l’appliquer en tenant compte des spécificités de chaque région. Chaque pôle peut regrouper quelques régions de même nature. A titre d’exemple, les régions du Nord-Ouest sont en mesure de se spécialiser dans les grandes cultures, les produits maraîchers et éventuellement d’autres produits agricoles sur la base des superficies disponibles et de la rentabilité. Toutes les compétences et les institutions doivent être disponibles dans ces régions en vue de développer ce créneau des activités agricoles. Chaque pôle peut englober trois gouvernorats qui seraient dotés de campus universitaire —qui doit être ouvert sur son environnement économique—, de technopôles, de centres d’affaires, de pépinières de projets et de laboratoires de recherche et d’analyse à utiliser par les entreprises qui y seront installées. Certes, ces institutions sont disponibles dans certaines régions, mais elles ne semblent pas avoir donné des résultats qui ont répondu à l’attente de tous les habitants dont une grande partie est toujours au chômage. Il est nécessaire d’identifier le maillon faible qui n’a pas permis à la roue du développement de tourner rapidement dans ces contrées.
L’essentiel est de s’assurer que lesdites institutions sont bien disponibles et fonctionnent correctement dans les régions qui forment le pôle de développement pour pouvoir, enfin, lancer les investissements à un rythme rapide. Les avantages financiers et fiscaux destinés aux promoteurs sont, certes, importants et aident les intéressés à créer des projets dans les zones dites de développement régional, mais cela s’est avéré insuffisant. Il est devenu primordial de bien sceller les liens entre les différentes institutions, à commencer par l’université qui doit s’ouvrir impérativement sur l’environnement économique. Les étudiants sont appelés à effectuer des travaux sur le terrain et à contacter les entreprises existantes en vue de connaître leurs besoins et leurs conditions de travail afin de leur prêter main-forte. Dans le cadre de leurs thèses de fin d’études, nombre d’étudiants effectuent des travaux de grande qualité qui restent souvent cachés dans les tiroirs de l’université au lieu d’être utilisés par les chefs d’entreprise. L’université qui met annuellement sur le marché un grand nombre de diplômés est tenue de prendre compte des besoins économiques de la région pour que les jeunes ne restent plus au chômage une fois leur diplôme en poche.
Chaque étudiant devrait préparer son projet d’entreprise alors qu’il suit encore ses cours pour pouvoir monter facilement son entreprise.
Il peut recourir, plus tard, au pôle technologique pour fignoler son projet et réunir toutes les chances de succès de son côté. Il est alors en mesure d’utiliser les différents équipements techniques —qui doivent être disponibles en quantités suffisantes— pour pouvoir faire les essais dans le but de fabriquer des produits de qualité et innovants destinés à la commercialisation. Le diplômé du supérieur peut bénéficier aussi des services fournis par le centre d’affaires pour mieux mettre son projet sur le rail. Ainsi, un accompagnement est proposé à l’intéressé depuis l’idée du projet jusqu’à la présentation de la demande de financement aux banques. Des correctifs pourraient être apportés au projet pour garantir sa rentabilité et sa pérennité.
Depuis l’idée du projet jusqu’à sa concrétisation, un délai assez long doit être supporté par le promoteur qui est aussi appelé à investir, même si plusieurs étudiants des régions intérieures manquent de ressources et n’ont pas accès au crédit à ce stade. D’où l’importance de l’implication de l’Etat, des hommes d’affaires et des chefs d’entreprise déjà en exercice dans la réussite des nouveaux projets, eux qui peuvent fournir l’appui matériel nécessaire à ces jeunes promoteurs pour développer davantage le tissu industriel et commercial. Chaque homme d’affaires peut parrainer, à titre d’exemple, une dizaine de jeunes diplômés dans le cadre d’une cérémonie organisée chaque fin d’année dans l’université, pour que ces derniers puissent préparer le lancement de leurs projets sans souci matériel. C’est que certaines dépenses sont nécessaires dans le cadre de la préparation du projet et avant même de déposer le dossier de demande de financement à la banque. Le manque ou l’absence d’un petit fonds de roulement peut empêcher le lancement ou le report, voire l’abandon du projet.
                                        La Presse

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